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L'évangile de prospérité : bien ou pas bien ?

Bonjour et bienvenue sur "Il était une foi...",

 

J'ai bien conscience que j'avais parlé d'une série de vidéo sur le thème "Qui est Dieu ?" en tant que Père, Fils et Saint-Esprit, mais pour différentes raisons j'ai décidé d'attendre le mois de septembre pour m'y atteler. Cela me laisse donc un peu de temps pour une ou deux vidéos que j'ai à cœur également, et aujourd'hui nous allons parler de l'évangile de prospérité.

 

Kézako ?

 

Je ne sais pas si vous avez déjà entendu ce terme. Personnellement, je n'ai pas étudié le sujet en profondeur, loin de là, mais j'aimerais réfléchir un peu sur ce que j'en perçois. En gros, ce que j'ai pu entendre, c'est que certains dénoncent la façon dont d'autres prêchent sur le thème de la prospérité, et qualifie ainsi "l'évangile de prospérité" comme un faux évangile.

 

Avant de pouvoir se positionner par rapport à cela, nous démarrerons notre réflexion premièrement sur la notion d'évangile, puis sur la notion de prospérité.

 

L'évangile

 

"L'évangile de prospérité" n'est pas une expression biblique. Dans la Bible on retrouve plutôt "l'évangile de Dieu", "l'évangile de Christ", "l'évangile du royaume" et également "l'évangile du salut".

 

Beaucoup savent probablement que le mot "évangile" signifie "bonne nouvelle". Mais pas n'importe quelle bonne nouvelle ! D'après le contexte des expressions listées précédemment, il s'agit de la bonne nouvelle du Royaume de Dieu qui descend sur terre en la personne de Jésus-Christ pour apporter le salut aux hommes.

C'est d'ailleurs le sens de la prière que Jésus nous invite à faire : "que ton règne vienne ; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel." (Matthieu 6.10)

 

De son vivant sur terre, Jésus était le seul porteur du royaume. Il annonçait le royaume, l'expliquait par de multiples paraboles et le démontrait par les guérisons, les délivrances et les résurrections. C'était sa mission.

Après la mort et la résurrection de Jésus, la croix vient s'ajouter à cette bonne nouvelle : maintenant, les croyants, les disciples de Jésus sont également porteurs du royaume des cieux et peuvent le manifester comme Jésus. C'est la mission de l'Église !

 

L'évangile n'a donc jamais changé ! Il s'agit toujours du royaume de Dieu qui vient toucher la terre par l'intermédiaire d'un porteur du royaume, avec comme finalité d'apporter le salut aux hommes.

 

La prospérité 

 

La définition de ce mot dans le dictionnaire parle de bonne santé, de situation favorable, d'état d'abondance (augmentation des richesses, heureux développement, prospérité économique d'un pays).

 

Dans le nouveau testament, on ne retrouve que quatre fois le mot grec correspondant à ce terme (numéro strong 2137). Par exemple, une fois, il s'agit de Paul qui demande que chacun fasse des dons en fonction de sa prospérité (1 Corinthiens 16.2). Une autre fois, il s'agit de Jean qui souhaite que Gaïus "prospère à tous égards et soit en bonne santé, comme prospère l'état de son âme" (3 Jean 1.2).

 

La prospérité n'est donc pas réduite à l'aspect financier mais peut toucher n'importe quel autre domaine d'une vie (la santé, le travail, le bonheur, ...), et est synonyme de réussite. D'ailleurs, si on décompose le mot grec utilisé, on pourrait traduire "prospérité" par "chemin du bien".

 

Juste avant, nous avons vu que le royaume de Dieu apportait le salut. Lorsque nous parlons de salut, il faut absolument se sortir de la tête qu'il s'agit uniquement d'une place au paradis. Bibliquement parlant, le terme salut se définit ainsi : si tu étais perdu et que tu as été retrouvé, alors tu as été sauvé. Si tu étais malade et que tu as été guéri, alors tu as été sauvé. Si tu étais opprimé et que tu as été délivré, alors tu as été sauvé. Si tu étais mort et que tu as été ressuscité, alors tu as été sauvé.

Le salut nous parle donc de prospérité, que ce soit dans notre vie terrestre et encore plus dans l'éternité, où il n'y aura plus de larmes, plus de morts, plus de douleur (Apocalypse 21.4) !

 

Nous pouvons aussi parler de Jésus qui a dit venir pour que ses brebis aient la vie en abondance (Jean 10.10) et qui a promis que Dieu pourvoira à tous nos besoins si nous cherchons d'abord le royaume et la justice de Dieu (Matthieu 6.31-33).

Aucun besoin ? Une vie en abondance ? Cela me paraît être de très bons synonymes de "prospérité" !

 

 

Il est pour moi évident que la prospérité ainsi définie fait partie du royaume de Dieu et donc de l'évangile. 

Malgré cela, prêcher la prospérité est une réelle dérive...

 

Les dérives

 

Il y a bien une dérive qui peut survenir par rapport à cette notion d'évangile de prospérité. Et j'y vois trois racines.

 

La première concerne la notion du niveau de prospérité.

Dieu a promis de nous donner ce dont nous avons besoin, pas nécessairement beaucoup plus !

La prospérité est le fait de ne manquer de rien, pas de crouler sous les millions d'euros ! Certains auront des niveaux de prospérité plus important que d'autres, mais ce qui compte c'est que tout le monde ne manque de rien. Et comme cela est relaté dans le livres des Actes, la prospérité de tous peux passer par la générosité des plus prospères (Actes 4.34-35) !

Prêcher la surabondance financière, par exemple, est donc une dérive.

 

La deuxième racine c'est la notion de temps.

Je suis personnellement convaincu que la prospérité générale est la direction et la finalité d'une vie sous la conduite de l'Esprit de Dieu. Mais cela ne concerne pas nécessairement toutes les secondes de notre vie.

Prenons l'exemple de Job. Il était très prospère, s'est fait voler par le diable jusqu'à tout perdre et, quand Dieu l'a restauré, il a finit encore plus prospère qu'au départ ! Et qu'a-t-il dit à la fin ? "Mon oreille avait entendu parler de toi ; mais maintenant mon oeil t'a vu." (Job 42.5)

Il en est de même pour nous : nous connaissons en partie seulement. Des fois, dans nos vies, les circonstances ne sont pas du tout favorables... Mais c'est une occasion pour voir la main de Dieu agir, puis entrer ou retrouver la prospérité dans tel ou tel domaine ; mais surtout mieux connaître notre Père !

Prêcher que tomber malade est synonyme de mauvais chrétien, par exemple, est donc une dérive.

 

La troisième racine est la pire selon moi. Il s'agit de la mentalité humaine corrompue par le péché qui pousse à l'égocentrisme, et qui voit donc la prospérité comme une finalité pour soi-même. Voilà comment l'homme tord complètement la grâce de Dieu et tombe dans l'idolâtrie...

Dieu est l'être le plus prospère, mais que fait-il de sa prospérité ? Il la partage ; il fait entrer les autres dans sa prospérité. C'est exactement ce que nous devons faire. Nous avons reçu gratuitement alors nous pouvons (et nous devons) donner gratuitement (Matthieu 10.8). Dieu nous rend prospère pour que notre prospérité serve les autres. Grâce à Dieu nous débordons de joie : allons consoler ceux qui sont tristes. Grâce à Dieu nous débordons d'amour : allons aimer les délaissés. Grâce à Dieu nous avons de quoi manger : partageons avec ceux qui sont dans le besoin. Grâce à Dieu nous avons le pouvoir de guérir : prions pour les malades.

Prêcher quoi que ce soit en vue d'un bénéfice personnel, c'est une dérive. La pureté de l'évangile c'est de servir les autres, pas de se servir soi-même. 

 

Le mot de la fin

 

L'évangile de Dieu est un évangile de prospérité, c'est indéniable ; car il met l'homme en contact avec l'être le plus prospère, le plus généreux et le plus aimant de l'univers ! Mais, nous devons prêcher le roi qui apporte cette prospérité, rien d'autre ! Notre seul intérêt c'est Christ, l'objet de notre attention et de notre adoration c'est Christ.

 

Prêcher la prospérité amène vite à des dérives qui éloigne de Dieu et il est bon de vouloir défendre la pureté de l'évangile. Par contre, attribuer le terme "évangile de prospérité" pour dénoncer de réelles dérives me semble particulièrement maladroit. Premièrement, car s'il s'agit d'une dérive, il ne s'agit plus du tout d'une bonne nouvelle ; donc le mot "évangile" est mal choisi. Deuxièmement, si la prospérité fait bien partie de l'évangile, comme nous l'avons vu, il est étrange d'utiliser une vérité pour dénoncer une hérésie... J'irais même jusqu'à penser qu'il s'agit d'une stratégie du diable pour semer la confusion et nous faire perdre de vue la Vérité.

Je ne dis pas ça pour reprendre les gens ou pour condamner qui que ce soit. Pas du tout ! Je veux juste sensibiliser chacun à faire attention à la façon dont il s'exprime. Nous devrions veiller à bien développer nos idées et bien définir les termes employés pour être sûr de bien se faire comprendre, plutôt que d'utiliser des raccourcis mal choisis qui sèment encore plus de trouble.

Par exemple, si on veut dénoncer ceux qui prêchent la surabondance financière comme un dû, appelons cela plutôt "la dérive de la cupidité" !

 

Pour conclure, à l'instar de l'apôtre Jean, je prie que chacun de vous prospère à tous égards, afin que chacun brille de la lumière du royaume et sois ainsi une bénédiction pour ceux qui vous entourent !

 

À bientôt sur "Il était une foi..."

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