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Se donner aux autres, le poids qui manque vraiment dans nos balances

Après avoir partagé l’interpellation de Dieu (ici)sur notre appel à être comme Christ, voici le point fondamental que je désirais développer : se donner aux autres.

 

Quand il s'agit de suivre Jésus pour guérir les malades, ressusciter les morts, opérer des miracles, vivre des bénédictions, etc., tout le monde est bien présent et motivé pour explorer et avancer dans tout ça ( sauf si on est cessationniste). Mais quand il s'agit de se donner et servir... on pourrait parfois entendre une mouche voler ! Et c'est bien sûr problématique car c'est annihiler une part non négligeable de notre bien-aimé qui nous appelle à être et faire comme Lui.

 

Bien sûr nous sommes issus d'une histoire qui a parfois transmis un don de soi religieux, austère, malsain. Ce n'est absolument pas de ça que je vais parler. Mais parce qu'il y a eu dérive, on ne peut pas balayer du revers de la main cette notion de don.

 

Le renoncement se vit sainement avec l’Amour

 

Commençons par une citation d’Andrew Murray que j’aime beaucoup :

 

« Mais Dieu attend-il vraiment de nous que nous renoncions entièrement à nous-mêmes au profit des autres ? N’est-ce pas trop demander ? Est-il possible à quelqu’un de se sacrifier si totalement ? Oui chrétien, Dieu y compte bien. La similitude à l’image de son Fils à laquelle tu es prédestiné de toute éternité (Rom 8v29), c’est cela et rien de moins. C’est par cette voie que Jésus est entré dans sa gloire et dans la vie bienheureuse et il n’y a pas d’autre voie par laquelle le disciple puisse entrer dans la joie de Son seigneur. En réalité, tu es appelé à devenir exactement semblable à Jésus dans son amour et son renoncement.

 

 

La fin m’interpelle fortement : « semblable à Jésus dans son amour et son renoncement ». Jésus a aimé et a renoncé, radicalement. Sa façon d'avoir vécu l'amour et le renoncement sont un défi impossible et inenvisageable pour notre chair de péché, mais ouf !, nous somme une nouvelle création avec Son Esprit en nous, celui qui l'a ressuscité d'entre les morts !

 

En prolongeant ces deux points, je dirais que saisir notre ressemblance à Christ passe par deux éléments forts : découvrir son Amour et renoncer à soi-même ! Car comment aimer sans savoir ce qu'est vraiment l'Amour ? Et comment vraiment renoncer si on est perpétuellement dans l'insécurité et le besoin de contrôler ?

Sans ces deux éléments combinés, nous serons perpétuellement limités. Le véritable Amour amène au renoncement, et le renoncement selon Dieu est forcément combiné à une révélation de plus en plus forte de l’Amour. Ainsi nous évitons les pièges de traiter la chair, d’être dur, mais aussi de croire que l’amour c’est prendre soin de son ego et laisser sa propre justice parler.

 

Personnellement j'entends un appel fort de Dieu sur nous tous son Église à vivre ce don de soi et quitter définitivement la propre justice et le soin de l'ego. Sans ça, nous resterons indéfiniment loin de la pleine stature de Christ à laquelle nous sommes appelés !

 

Voyons maintenant cet aspect qui, dans la précédente citation, a peut-être été difficile à accepter pour certains.

 

Renoncer à soi-même, au profit des autres

 

Qu’on se le dise, c’est on ne peut plus clair, cash et défiant ! Qui plus est, cela ne va pas du tout dans le discours ambiant de notre société moderne qui tend plutôt à prendre soin de notre moi adamique et tout ce que cela implique. On ne sait tellement pas qui on est qu’on pense que se donner aux autres est forcément destructeur, malsain, etc.

 

Cela me fait penser à Paul qui dit dans 1 Corinthiens 6 : 7 « C’est déjà certes un défaut chez vous que d’avoir des procès les uns avec les autres. Pourquoi ne souffrez-vous pas plutôt quelque injustice ? Pourquoi ne vous laissez-vous pas plutôt dépouiller ?"

 

Radical non ? Franchement ça pique, il faut le dire. Pourtant Paul a bien dit ça. Et le nombres de passages qui ferait écho à celui-là sont légion dans la Bible.

Mais quand on vit une injustice, on aime clairement pas lire ça. Pourtant on ne peut nier que Dieu nous conduit sur ce chemin.

 

Si l'on ne supporte pas l'enseignement de Paul (qui vient de Dieu), c'est que notre propre justice, notre colère, notre amertume, notre blessure s'expriment. Un lâcher-prise qui nous semble impossible est nécessaire. En vérité il est très accessible et juste devant nous.

Oserions-nous dire à Jésus que notre renoncement est au dessus de celui qu'Il a du vivre ? Non. Alors admettons notre faiblesse, cela ne Lui fait pas peur, au contraire, Il n'attend que ça pour enfin agir car c'est notre feu vert envers Lui.

 

Et rappelons que tout cela ne signifie pas qu'il n'y aura pas de justice, juste que cela se fera dans les termes de Dieu, ceux de Christ, qui sont souvent éloignés des nôtres dans la forme mais qui sont à chaque fois bien meilleurs en terme de résultats !

 

Alors peut-être êtes-vous comme moi, bien d’accord qu’il est écrit à de nombreux endroits que l’on doit se donner aux autres ou comme dit ici, souffrir quelque injustice sans chercher à faire valoir nos droits. Mais comme moi, vous avez essayé… et les fruits n’étaient pas bien gros… voire inexistants ! Ou comme moi, vous avez eu quelques difficultés dans votre vie qui vous ont plutôt amenés à être un paillasson qu’un fils ou une fille de Dieu qui sert gaiement ! Prenons courage, cette voie est possible et nous sommes tous en chemin ! Son appel est réel, tout comme la provision pour le vivre !

 

Alors, élucidons ce point qui nous titille.

 

 

Se donner aux autres, est-ce être maltraitant envers soi-même ?

 

NON ! Il faut absolument demander à Dieu de renouveler vos pensées et perspectives si, quand vous lisez «se donner aux autres» vous entendez «s’écrabouiller telle une vieille carpette et souffrir en silence».

 

L’exemple sain de Jésus

 

Jésus est l’exemple parfait de celui qui se donne comme nous devrions le vivre ! La base indispensable qui change tout : Jésus savait parfaitement qui il était : le Fils de Dieu. Son identité n’était définie que par Son Père, rien d’autre ! Aucun mensonge, aucune blessure, aucun compromis, rien. Alors quand il se donne, c’est sans rien attendre en retour et c’est entièrement, sans faire cas de sa vie ! Son identité n’est pas chamboulée par ce que font ou pas les autres de ce qu’il dit ou fait. Il est tellement embrasé et au clair sur l’Amour de Son Père pour lui, qu’automatiquement il ne peut que se donner aux autres. Il n’y a donc aucune maltraitance, au contraire il prend plaisir à collaborer avec son Père, par Amour pour les Hommes !

 

Des fils et des filles qui servent

 

Découvrir notre identité de fils et de fille est donc indispensable, mais ne pervertissons pas cela en en restant là, il faut aller au bout : un vrai fils, une vraie fille du Royaume de Dieu, se donne et sert, comme son modèle, sa tête, son bien-aimé : Jésus.

Bien sûr tout cela est un chemin d’apprentissage, un processus, mais nous devons y tendre, car cet aspect est fondamental ! Ne faisons pas du christianisme un cours de soin de l’ego, de la nature déchue ou de développement personnel ! Ce n’est pas cela du tout ! Le christianisme est la puissance de la croix qui TRANSFORME complètement un être à l’image de son créateur et qui manifeste vers l’extérieur les fruits de cette nouvelle création ! Sans le don de soi il n’y a pas de ressemblance à Christ. Si nous restons perpétuellement centrés sur nous-mêmes, nous ferons de notre moi, notre ego, notre idole ! Et l’idolâtrie est un vrai poison qui amoindrit la manifestation de la puissance de Dieu !

 

Andrew Murray nous dit :

 

« Se consacrer au Seigneur sans se consacrer à notre prochain devient une illusion ou conduit au fanatisme ».

 

« Mes rapports avec les autres, au lieu d’être, comme beaucoup le déplorent, une entrave à la communion ininterrompue avec Dieu, deviennent l’occasion de m’offrir à lui sans cesse ».

 

En se donnant aux autres comme Jésus (donc sainement), il y a une vraie promesse de rentrer dans des dimensions d’intimité forte et de joie de faire la volonté de notre Père !

 

 

Alors rééquilibrons la balance !

 

Demandons au Père de nous conduire sur ce chemin, qui est le chemin de Christ. Suivons l'Agneau partout où il va, assurément le don en fait parti. Et ce dernier est un véritable acte d'adoration et un plaisir immense car nous voyons et sentons la joie de notre Père, sans parler du fait que nous devenons complètement libre !

 

Ce n'est pas un bouton magique

 

Le sacrifice n'est pas un truc magique. Agir par principe, sans fond, ne marche guère voire pas du tout. C’est parce que Dieu illumine les yeux de notre cœur sur ce sujet que nous pouvons nous donner d’une manière saine et sainte ! C’est parce que nous réalisons à quel point nous sommes faits pour ça, que c’est un véritable plaisir, de faire comme notre cher Jésus, et de vivre ces temps d’intimité forts en servant notre prochain. Et clairement, il y a bien des fois où nous serons plus que travaillés quand il faudra renoncer et se donner. Certaines situations sont de vrais déchirements. Mais au moment où on lâche prise, tout bascule dans la Paix et la Gloire, et là nous découvrons combien il était bon d’agir ainsi, de faire comme Lui. Et suite à cela, nous nous transformons un peu plus à son image.

 

Servir les siens

 

Avant de conclure il me semble important de pointer du doigt la facilité que l'on a parfois à vouloir servir les personnes extérieures à notre famille tout en oubliant ces derniers. Que ce soit votre époux, votre épouse, vos enfants, vos frères, vos sœurs, vos parents, il est parfois très difficile d'adopter cette mentalité de service. Le côté routinier, le tsunami du quotidien, le manque de valorisation de la société sur le fait de prendre soin des siens, etc., tout un tas de raisons peuvent l'expliquer. Pourtant je crois qu'il y a une vraie clef : si tu veux servir le Royaume de Dieu et participer à son expansion, commence par ta propre famille et tu verras combien les fruits seront grands dans ta vie ! Et assurément cela débordera à l'extérieur !

 

 

 

 

Marcher dans les pas de Jésus, il n’y a pas plus grand bonheur, plus grande joie et plus grand épanouissement ! Jésus guérissait les malades, libérait les captifs, ressuscitait les morts, redonnait espoir aux désespérés, transformait des vies ! Et Jésus n’a pas vécu pour lui-même, malgré le rejet, la calomnie, la traîtrise, la persécution, il a aimé jusqu’au bout, il a renoncé à lui-même, à sa propre vie, à sa gloire pour venir nous sortir de notre condition de pécheur et nous donner la Vie ! Faire les œuvres et la volonté de son Père était son leit motiv, aucune trace de propre justice, de revendication. Il a tout donné ! A nous d’en faire de même car tel est notre appel : être comme Christ.

 

 

 

 

 

 

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